lundi 13 juillet 2009

Gaspé, la généreuse

Les liens entre l’équipage commencent à se tisser solides. Je crois que le souper aux homards de samedi soir sur le pont du Sedna IV y est pour quelque chose. Hier soir, match d’impro sous le grand chapiteau du 475e et bière avec les sympathiques joueurs au fameux « Brise Bise » de Gaspé. On entre facilement en contact avec les jeunes de la place. Curieusement, la plupart ne viennent pas de la Gaspésie. Beaucoup nous racontent qu’ils ont bourlingué sur les routes du Québec. À vélo. En char. Ils ont roulé leur bosse. Et sont venus s’échouer ici. Heureusement, la Gaspésie leur a ouvert les bras. Gaspé est généreuse avec les pas perdus. Ils y ont trouvé l’amour. Y ont trouvé une raison de s’enraciner. Ils y ont réappris à respirer. Plusieurs retournent en ville malgré tout. Un jour. Ou l'autre. Quelques-uns persistent et y signent leur vie. J’ai jasé avec un notaire aux allures de Vicking, un attaché politique grand comme un mat, un cousin farouchement anti-Canadien (le club de hockey), une fleur au sourire de matin de rosée et j’en passe. Je me sens déjà attaché. Amarré à bon port.
Aujourd’hui, j’ai repris mon entraînement sur le port devant les pêcheurs de homards qui semblaient me trouver bien petit pour un boxeur! Ils sont partis au large leurs cages chargées. « Bonne journée! » Toute l’équipe était prête pour sa première vraie journée de débrousaillage. Ça avait mal commencé, nous n’avions plus internet sur le bateau! Nous sommes partis prendre possession de notre « local de prod » (et prendre nos mails) au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Héloïse s’en allait voir pour plonger avec les phoques. Pierrick avait du travail de dé-rushage à faire avec les images de la veille. David allait écrire et storyboarder. Albert avait une rencontre et devait venir avec moi au Musée de la Gaspésie faire de la recherche sur l’Histoire des lieux. Sofiane avait une entrevue avec une pêcheuse. Philippe devait imprimer des contrats et planifier la semaine de prod qui commençait. Je devais trouver un scan et aller au sanatorium pour un premier contact. Nous étions gonflés à bloc. Plein d’adrénaline comme si nous attaquions une journée de travail à Montréal. Voilà notre première erreur. Nous ne sommes pas à Montréal. Le rythme ici est plus humain. Les choses ne peuvent pas se passer avec l’efficacité malade mentale à laquelle nous avons été habitué, pauvres urbains aux estomacs noués que nous sommes. J’hallucine le temps que je perds pendant que je marche pour me rendre à mon point de rendez-vous. J’ai même pas pris le temps de manger. Et un homme qui travaille à la station de télé communautaire de Gaspé me reconnaît et m’offre un lift. « Hé! T’es pas rendu! Embarque, j’vas aller te porter! » Quand je vous disais que les gens d’ici étaient bons. Pourquoi on ne fait plus ça à Montréal?
J’ai compris en mangeant mon "Dixie lee" trop gras. J’ai compris qu’il faut prendre le temps de faire les choses. Je me sens comme un peu plus léger ce soir. Le ciel s’est couché en feu. Et moi, j’ai sauté hors de l’orage!







Joss à Gaspé

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