jeudi 23 juillet 2009

Post prod blues

Par : Jocelyn Roy

Le temps est étrangement frais pour la saison. C’est ce que nous disent les gens d’ici. Le mauvais temps qui sévissait partout au pays a finalement rejoint Gaspé. Le vent est froid, il pleut souvent. Le SEDNA IV est victime d’un paquet de petits troubles techniques qui viennent embrouiller le quotidien. Ça fait plusieurs jours qu’il n’y a plus de gaz, nous ne pouvons donc pas cuisiner. Les éviers sont bouchés et une odeur d’égout s’en dégage. L’humidité a envahi les murs. Les cabines sont froides. Les draps grelottent. Je dors mal.
La mi-voyage est éprouvante.

Mes tournages terminés, je passe la main
à mes collègues pour le montage . Et moi j’écris. Je dessine. Je tourne en rond aussi. En attendant le beau temps.
J’ai écrit un scénario poétique pour les voiliers :
« Quand tu l’as pris
Ton lointain à bout de bras.
Quand le vent a gonflé tes voiles.

Dans tes yeux
Je voyais p’us rien de moi.
T’étais fier comme un autre
Orgueilleux comme un étranger.


J’me suis attaché au lointain
Pour pas sentir mes racines se briser.


J’ai continué à regarder longtemps
Dans le long lointain
Même quand j’te voyais pus pentoute dans l’horizon

J’ai continué à te regarder partir.
Mes yeux ont p’us jamais vu

Un large sans brouillard.
»
J’écris à mes amis lointains. Ma gang. Mon clan me manque. Je leur adresse mes mots d’amours à défaut d’avoir quelqu’un à qui les envoyer en vol plané.
"Tant que tu seras dans ma vie, j'aurai un point d'ancrage et je saurai que je ne serai jamais tout à fait perdu. Mais j'ai besoin de ton support, même si tu me désapprouves..."
Même collés les uns sur les autres, on peut se sentir franchement seul. Je me demande comment ils ont fait l’équipage de Jean Lemire. 13, pendant quoi? 9 mois, bloqué en Antarctique!!! Je dors dans la cabine de Martin Leclerc, en passant. Le fils de Félix. Qui était directeur photo de l’expédition. C’est pas rien quand même!
Allez! Un creux de vague, c’est rien! Même tomber en bas de sa planche de surf, c’est pas la fin du monde...
L’important, c’est de pas lâcher la rame.
On remonte. On sèche ses voiles. Et on pogne le vent dans le dos...
Ça y est, ça avance à nouveau!













Joss à Gaspé

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