vendredi 31 juillet 2009

L'arrivée de la relève

6h00am : la relève, alias nous 7, sommes partis de Montréal dans deux wagonettes. Direction ? Gaspé...Et on avait le vent dans les voiles. La route s’est tellement bien passée qu’on a pu se permettre de petits arrêts culinaires : exploration de la Fromagerie Les Basques de Trois-Pistoles (et c’est là qu’on a découvert que le fromage en grains là-bas ne fait pas cuik-cuik mais kwick–kwick !) et dégustation de la fameuse guédille aux crevettes de Matane.

Lors d’un arrêt sur le bord de la route, mon sens olfactif est devenu tout fou : CA SENS LA MER !!!

La portion de la route 132 entre Matane et Murdochville était vraiment à couper le souffle : une falaise grise qui plonge vers le fleuve, suivie d’une autre plus bleutée derrière et d’une troisième plus foncée entourée de brume. Décor de carton dans un monde réel qui a des allures de plateau de tournage. C'est trop beau ! Maudit que j'aime mon petit Québec !

Enfin, la route entre Murdoch et Gaspé a fait tripper notre conductrice de rallye, Alexandra, et sa co-pilote…la voiture des hommes suivait de peine et de misère derrière… go girls power !

La relève est donc arrivée vers 18h00 et a jeté l'ancre dans le port commercial de Gaspé. Le Sedna 4 était là, fier, irréel. En montant à bord, j’ai posé le pied droit en premier, juste au cas où… on ne prend pas de chances avec les superstitions pirates… Il y a à peine quelques jours, je visionnais le film Le Dernier continent. Et là, nous sommes sur son pont, dans sa coque, dans son ventre. Incroyable ! La visite des lieux a des airs de Jonas dans la baleine !!! Des flashs du film de Jean Lemire sont passés devant ma rétine à la même vitesse que les portes des cabines s’ouvraient…en noir et blanc… et en couleur ! Les ombres de cet équipage resté 430 jours sur ce bateau semblent encore flotter dans les recoins des cabines…

Le hasard a décidé… Alexandra et moi allons partager pour les premiers jours la cabine du mécanicien Stevens…La première question que j’ai posée à Mariano qui nous montrait nos quartiers : et le papa de Stevens? Mariano m’a rassuré, il se porte maintenant très bien. On se sent tellement proche de cet équipage maintenant que l’on va partager leur maison flottante et une partie de leur quotidien.

Jean Lemire et Mariano nous parlent des règles de cohabitation à bord… afin d’éviter de perdre le contrôle avec une vingtaine de nouveaux marins sans expérience !!! Le Sedna 4 est finalement un gros Westfalia format 6 pack !!! À la fois dans le style de vie, le peu d’espace, et même les élastiques pour empêcher les objets de se balader lors des jours de tempête. Bref, je me sens déjà AT HOME ! Mais l’aventure ne fait que commencer…

jeudi 30 juillet 2009

30 juillet

Par Pierrick Campbell

La pluie s’acharne sur Gaspé et apporte sur le SEDNA son lot de touristes, beaucoup de touristes. Dès 11 heures, il est très difficile de travail à bord. J’ai donc apporté mon « bureau » au centre-ville pour travailler un peu. Scénario et story-board pour un mini-métrage.

David, Héloïse et Sofiane terminent le montage des derniers films que nous présenterons. Demain devrait être notre dernière journée de travail et tout devrait être « wraper » pour l’arrivée du deuxième groupe qui est prévue en soirée. On va fêter leur arrivée et notre départ. Nous partirons de Gaspé dimanche matin vers les 4 heures du matin et je tenterai d’apporter un peu d’air salé à Montréal.

Recette de la guédille au homard d’André Lagacé

La guédille revisitée from INIS on Vimeo.



Pour quatre personnes.

La salade de homard :

La chair d’un homard (environ 1 lb 1/4), coupée en morceau grossier

Deux oignons verts émincés

Les grains d’un maïs cru

Un fenouil émincé

Une branche de céleri émincée

Deux ou trois feuilles de salade du jardin

La chair d’une tomate (sans le cœur pour ne pas détremper le pain) coupée en dès

Des herbes fraîches émincées au goût (dans la capsule : ciboulette, menthe et persil)

Deux cuillères à soupe de yogourt nature

Deux cuillères à soupe de mayonnaise

Sel et poivre


On mélange tous les ingrédients ensemble.

On fait griller quatre pains de blé entier de style hot-dog.

On garnit les pains avec la salade de homard.

Bon appétit !

Voile en pleine nuit, video

Les petits plaisirs de Gaspé

Par Albert Kwan

Une belle journée bien remplie. Non pas de travail parce que j’étais en congé, mais de plaisirs; pleins de petits plaisirs. Ça ne prend pas grand-chose pour être heureux, vraiment pas. Pas besoin de folles dépenses pour obtenir un sourire aux lèvres ou avoir le cœur léger. On se laisse porter par le temps, par le vent et par les amis. Très souvent, c’est là que le bonheur nous frappe! Par petits coups.

Ma journée a été remplie de ces petits plaisirs qui l’ont rendue formidable. Un petit story-board pour un Kino que je vais tourner à bord, un dîner avec Jocelyn sur la terrasse ensoleillée du Brise-Bise, un après-midi à la plage, un BBQ sur le pont arrière et une sortie en voilier avec Sophie, Grand Jean, Héloïse et Pierrick dans la baie de Gaspé en pleine nuit en sirotant un bon vin.

Je me couche le sourire aux lèvres. Je rêverai de cette journée. Demain, je compterai bien accumuler d’autres petits plaisirs. J’ai envie d’être heureux!

Voile en pleine nuit

Grand Jean et Sophie nous ont amené, Héloïse, Albert et moi faire de la voile dans la baie en pleine nuit. Naviguer dans le silence de la nuit, avec Gaspé qui éclaire l’arrière du bateau est inoubliable. L’eau coulait sous le petit voilier et l’air était frais. On sentait la forêt lorsque le vent venait des côtes. Au retour, nous nous sommes baignés. La baie est remplie de planctons luminescents et chaque mouvement dans l’eau réveille des centaines d’étoiles. L’expérience était fantastique, j’avais l’impression d’être dans un film de petite princesse.

mercredi 29 juillet 2009

Poutine aux crevettes

Par Pierrick Campbell

En tant qu’ancien Drummondvillois (Ah, Drummondville quand tu nous tiens!), je devais goûter à la « fameuse » poutine aux crevettes au Brise Bise. Crevettes de Matane, oignons verts, fromage en grains, frites et sauce blanche. Ç’a été très réconfortant. Après réflexion, j'ai cru apercevoir le résultat entre un Drummondvillois et d'une Gaspésienne. 

mardi 28 juillet 2009

De Tianjin à Gaspé

De Tianjin à Gaspé from INIS on Vimeo.

Teaser : à la recherche des phoques...

Teaser #1 from INIS on Vimeo.

27 juillet

Par Pierrick Campbell

Le temps coule comme la pluie sur Gaspé. La postproduction va à fond de train et la salle de montage sent le surchauffé. David a finalisé le montage de la recette de la guédille d’André Lagacé. Elle devra être en ligne bientôt. Je mettrai la recette sur le blogue avant mon départ, mais pour l’instant je ne peux plus la voir…

            Le couple de pêcheurs d’Une vie en mer est venu voir nous voir sur le Sedna. Ils ont aimé le film et étaient remplis d’émotion. Lorsque les gens apprécient le documentaire que l’on a fait sur eux, c’est la meilleure récompense ! Un peu de soleil au beau milieu des jours de pluie.

            Hier soir, nous avons tous soupé ensemble, soit notre équipage, Jean Lemire, Mariano, Thomas (le guide du Sedna) et Isabelle. Le vin était bon et la compagnie aussi, un baume sur le moral des troupes et sur ma journée de montage interminable.

            On a déjà beaucoup fait, ici, à Gaspé, mais j’aurais aimé faire d’autres films (tellement il y a de sujets, qui demanderaient plus de temps par contre que seulement trois semaines) et voyager un peu plus. Par contre, il y a plusieurs expériences et rencontres que je n’aurais pas eues en tant que simple touriste. J’ai vraiment hâte de retrouver ma petite famille à Montréal (et de prendre une douche chaude, très chaude) et j’envie le deuxième groupe qui viendra à notre rencontre vendredi.

lundi 27 juillet 2009

Le mauvais rêve de Pierrick!


T'inquiète Pierrick! Y'a pas d'épaulard en Gaspésie!!!

Y a de quoi virer fous!


Par Albert Kwan

Il ne reste plus que six jours à passer à Gaspé. Le temps file. J’aime toujours Gaspé. Son air salin me donne des forces et m’inspire. Peut-être viendrai-je travailler à Télé-Gaspé?

Nous avons visité la colonie de Fous de Bassan hier sur l’Île Bonaventure. Y a de quoi virer fous! Il y avait plein d’oiseaux et de …crottes. Une belle journée qui s’est terminée avec une joute de soccer avec les locaux et un bon souper.

Jean Lemire, sa conjointe Isabelle et son fils Loïc ainsi que Mariano sont à bord avec nous. Nous avons tous soupé ensemble hier soir. Un excellent repas préparé par Jean et Mariano. J’ai découvert que Jean est originaire de Drummondville! La ville où j’ai grandi. Nous avons discuté jusqu’à tard dans la soirée.

Mon film est terminé et au moment où j’écris ces lignes, mon MAC fait la compression pour la diffusion sur Internet. Je suis fier de mon premier documentaire. Une belle rencontre avec deux femmes extraordinaires dans leur quotidien.

Je suis triste que le séjour s’achève mais j’ai aussi hâte de retrouver ma femme, ma fille et mes chiens. Une maîtresse peut être fatiguant à la longue; à en devenir fou!

samedi 25 juillet 2009

Superman à Gaspé


Il a fait un temps de chien aujourd'hui... Le bateau brasse... Beurk!
Tout tournage ou activité est annulé!
Même superman en a assez!

25 juillet

Par Pierrick Campbell

Il reste une semaine à notre périple. Le moral est bon. Hier, nous avons été mis à l’écart du bateau par un cinq à sept trop prestigieux pour nous. Nous avons donc décidé de partir à la plage dans l’après-midi, on ne pouvait pas laisser passer la plus belle journée d’été. Volley ball, bières, lutte dans le sable et baignade dans l'eau glacé étaient au menu. La soirée s’est terminée par le show de DJ Champion sous le grand chapiteau. Il y a des personnes qui savent faire lever une soirée !

Le mauvais temps frappe Gaspé, un vent du nordet. Malgré la grosseur du bateau et le fait qu’il est amarré au quai, le bateau danse avec les vagues et le travail sur les portables pour le montage donne le mal de mer.

            L’horaire de la semaine prochaine risque de se passer dans notre salle de montage. Je dois livrer mon film sur la guédille lundi. Ça sent la nuit blanche !

Décrochage!

Hier, on a complètement décroché (et on en avait vraiment besoin!)
Nous sommes tous allés à la plage.
Au programme: Baignade dans l'eau glacée, combat de lutte dans la sable et match de beach volley extrem!

vendredi 24 juillet 2009

Hélo et Joss font un film!

Quelle aventure!!! Pendant près de 6 heures (entre 6h et midi) à bord d'un zodiac, nous avons longés les falaises de Forion. Hélo captait les images d'oiseaux et de phoques, et Joss prenait le son à quelques mètress eulement des bêtes... Expérience fantastique!

jeudi 23 juillet 2009

Ce à quoi nous rêvons tous en ce moment...

Post prod blues

Par : Jocelyn Roy

Le temps est étrangement frais pour la saison. C’est ce que nous disent les gens d’ici. Le mauvais temps qui sévissait partout au pays a finalement rejoint Gaspé. Le vent est froid, il pleut souvent. Le SEDNA IV est victime d’un paquet de petits troubles techniques qui viennent embrouiller le quotidien. Ça fait plusieurs jours qu’il n’y a plus de gaz, nous ne pouvons donc pas cuisiner. Les éviers sont bouchés et une odeur d’égout s’en dégage. L’humidité a envahi les murs. Les cabines sont froides. Les draps grelottent. Je dors mal.
La mi-voyage est éprouvante.

Mes tournages terminés, je passe la main
à mes collègues pour le montage . Et moi j’écris. Je dessine. Je tourne en rond aussi. En attendant le beau temps.
J’ai écrit un scénario poétique pour les voiliers :
« Quand tu l’as pris
Ton lointain à bout de bras.
Quand le vent a gonflé tes voiles.

Dans tes yeux
Je voyais p’us rien de moi.
T’étais fier comme un autre
Orgueilleux comme un étranger.


J’me suis attaché au lointain
Pour pas sentir mes racines se briser.


J’ai continué à regarder longtemps
Dans le long lointain
Même quand j’te voyais pus pentoute dans l’horizon

J’ai continué à te regarder partir.
Mes yeux ont p’us jamais vu

Un large sans brouillard.
»
J’écris à mes amis lointains. Ma gang. Mon clan me manque. Je leur adresse mes mots d’amours à défaut d’avoir quelqu’un à qui les envoyer en vol plané.
"Tant que tu seras dans ma vie, j'aurai un point d'ancrage et je saurai que je ne serai jamais tout à fait perdu. Mais j'ai besoin de ton support, même si tu me désapprouves..."
Même collés les uns sur les autres, on peut se sentir franchement seul. Je me demande comment ils ont fait l’équipage de Jean Lemire. 13, pendant quoi? 9 mois, bloqué en Antarctique!!! Je dors dans la cabine de Martin Leclerc, en passant. Le fils de Félix. Qui était directeur photo de l’expédition. C’est pas rien quand même!
Allez! Un creux de vague, c’est rien! Même tomber en bas de sa planche de surf, c’est pas la fin du monde...
L’important, c’est de pas lâcher la rame.
On remonte. On sèche ses voiles. Et on pogne le vent dans le dos...
Ça y est, ça avance à nouveau!













Joss à Gaspé

Du Terrorisme Socialement Acceptable ou un Acte Poétique

Par Héloïse Depocas,

Au retour d'un pélerinage en forme de chasse à l'image au Mont St-Alban, caméra et perche à l'épaule, je rencontre une musicienne qui constate et me fait remarquer la présence de nombreux papillons blancs. Elle me raconte que l'été dernier une invasion de ces kamikazes ont pris d'assaut le Mc Donald et ont littéralement forcés l'établissement à garder ses portes fermées jusqu'à nouvel ordre.

Voilà ce que j'appelle un acte de terrorisme socialement souhaitable et un véritable hommage aux actes poétiques d'Alejandro Jodorowsky.

La Brume...

Par David Tomassini

Un halo se détache dans la noirceur. Puis un deuxième, puis des milliers se confondent en un aura ‘’indistinctable’’, uni, indissipable. Comme la brume qui a prise la côte de la terre des hommes. Les Gespegiens comme les appelaient les amérindiens. Gespeg étant une incantation des grands esprits de la forêt, les chamans amérindiens l’utilisant pour désigner le pouvoir de l’ours gris, que je renommai grivois, protecteur de l’homme sage. Ici un terrible combat survient à tous les demi cycle lunaire et la brume, guidée par les âmes déchus de pécheurs volés par la mer, envahit la terre des hommes et nous transperce, volant aux familles d’autres innocentes vies; Celles-ci y périssant à chacune de ces nuits. Terrible et crainte par tous les hommes est la brume. Mais pour un vieux capitaine, conquérant, loup de mer sans scrupule et pirate des grandes mers, elle est claire. La brume m’est bonne. Le marin ne voyant pas la brume du même œil, car il n’en a qu’un. Et cet œil ne voit justement que brume ; quand elle a prise l’homme en pleine mer, elle ne le quitte jamais. Et une fois la brume en nous, le bien, le mal, la noirceur et la lumière se confondent en un halo, et deux, et trois; puis un aura où plus rien ne semble être ce qu’il est.

Tiré du journal de bord du capitaine David ''Le Rouge'' ARRRRRR!

Cap-des-Rosiers

Cap-des-Rosiers

23 juillet

Par Pierrick Campbell

 

            Nous sommes rendus à mi-parcours de notre périple à Gaspé. La majorité des tournages sont terminés. La course Jacques Cartier va se dérouler demain et Gaspé est remplie. Le montage du film de Sofiane est terminé et je crois que nous avons fait (surtout Sofiane) un très bon travail. Pour ma part, je dois monter aujourd’hui un topo pour Jocelyn et organiser le montage de mon dernier film. Je vais donc passer la journée dans notre « salle » de montage qui se trouve dans la section « Beverly Hills ».

            Hier, j’ai fait la caméra pour Thomas (il est un des guides des visites du Sedna) et son école de voile. Bien qu’il n’y avait pas de vent, l’expérience a été agréable.

            Nous avons rencontré Sophie Faucher hier. Ce fut une belle rencontre.

            Également hier, Albert et moi avons donné une entrevue à Radio Gaspésie. Elle passera vendredi.

            Aujourd’hui, il y a un pétrolier accosté au quai, donc il n’y aura pas de visite au Sedna. Nous allons pouvoir travailler sur la postproduction avec plus d’aisance. Notre directeur et Jean Lemire sont supposés venir sur le bateau dans le cours de la journée.

            Bon, je change d’écran pour faire du montage.

mercredi 22 juillet 2009

Compressions de fichiers, besoin de décompression

Par Albert Kwan

Le travail de moine commence. La majorité des tournages étant faits, je m’attaque au montage. J’ai déjà fait le montage « on line » du topo de Pierrick et du film de Sofiane. Je dois maintenant m’attaquer à mon film. J’ai même trouvé le temps de faire la musique pour la signature de « L’INIS à Gaspé », un petit 15 secondes que David et Héloïse ont tourné. J’aime cette étape de post-production. En fait, j’aime toutes les étapes d’une production. Je suis vraiment comme un poisson dans l’eau. Les premiers films devraient être en ligne sous peu.

La fatigue se fait sentir et une journée de congé serait bien appréciée! Héloïse, Sofiane, David et moi avons pris le temps, dimanche dernier, d’aller jouer au soccer avec des gens de la région. Ça a fait baisser la pression et aérer la tête. Rappelez-moi d’apporter mon chasse moustiques la prochaine fois! Une chose qui n’aide pas, c’est qu’il y a des visites du Sedna sept jours sur sept. Pas de répit. Et comme nous ne sommes plus vraiment en tournage et que l’on reste à bord, ça devient difficile d’avoir la paix et de se concentrer. Par chance, les visites ne sont que de 11h à 16h.

Hier soir, nous sommes sortis manger au Brise-Bise. Je me suis payé la traite avec l’assiette de la mer : un demi homard, un demi crabe, de la morue, de gros pétoncles, le tout accompagné d’une salade et de légumes. Et j’ai pris la table d’hôte. Il n’est pas nécessaire de vous dire que j’ai roulé jusqu’au bateau!

Je suis retourné à L’Anse-au-Griffon avec Jocelyn ce matin pour déjeuner. Notre sortie avait pour but, au-delà de nous restaurer, de faire signer des « releases » et tourner des « beauty shots ». En après-midi, Pierrick et moi sommes allé à Radio Gaspé pour enregistrer une entrevue qui passera sur les ondes vendredi à 17h30. C’était bien amusant.

À la recherche des phoques


"Where the phoque are they?"

mardi 21 juillet 2009

Pierrick et David en montage

Par Albert Kwan


On entre dans un rush de montage. Les délais de livraisons sont courts et nous sommes déjà en retard. Il reste quelques tournages, quelques plans à tourner mais le montage lui, ne doit plus arrêter. Nous avons concocter une petite signature pas piqué des vers vus les circonstances. Vous pourrez voir ça très bientôt en ligne sur www.475gaspe.com dans la section "Zone média".

Homard délire

Visite de ma petite famille sur le Sedna

lundi 20 juillet 2009

Notre prochaine semaine

Rush de montage

Les profondeurs du Bronx

Par David Tomassini

Ayant basé mes quartiers dans l’endroit le plus infâme et le plus sordide du chalutier. Dans un lieu humide et déserté de tous. J’entamai ma conquête à partir de ce dit lieu nommé le Bronx. J’y installa mes mousquets avec le valeureux et non moins sournois moussaillons hollandais Jocen VanRoymer. Une fois amarré au port de SandyBeach, ainsi nommé par ladite célèbre femme de joie gaspésienne Sandy qui avait réputation de faire bonnes affaires sur ce quai, j’entrepris de découvrir les endroits les plus impétueux et lugubres de ladite ville aux mille vents. Ceux qui soufflent pour tenter de purifier l’âme de tous ces pécheurs. Je rencontrai de valeureux gens, j’entrepris d’innombrables expéditions qui me valurent nuits et jours, des efforts incalculables. Mais au bout, d’une semaine, je cru avoir rassemblé suffisamment de matelots et moussaillons. Nous avions construit une barge insubmersible. Un vaisseau si puissant que la baie en tremblât pendant 3 jours consécutifs. Des tempêtes nous virèrent le toupette, nous rabroua la pipe, et une brume si épaisse qu’elle eu pu pénétré l’esprit du plus droit homme et le rendre fou, nous pris d’assaut une journée entière. Mais ne reculant devant rien pour dominer tout ce qui se dresse devant moi ou sous mes pieds, je ne renonçai guère et mis la virulente barge à l’eau. Cette bête me permettra maintenant d’aborder le Sedna IV et d’assassiner tout ses diligents, ou peut-être seulement les piller. À moins d’un revirement icelui plus surprenant que tout ce que j’eusse vécu jusqu’à présent.

Tiré du journal de bord du capitaine David ''Le Rouge'' AARRRR!

dimanche 19 juillet 2009

Émotion, yole et tournage

Par Pierrick Campbell

Grosse journée aujourd’hui, comment toutes les autres, sur le Sedna. J’ai d’abord préparé le tournage du ma capsule sur la guédille revisitée par le chef André Lagacé.

Ma petite famille est venue me voir en avant-midi. Ils me manquaient beaucoup, et lorsque j’ai vu ma petite fille de 11 mois… Ils sont à Gaspé pour quelques jours et malheureusement, ça risque d’être notre semaine la plus occupée. L’équipage est entré dans la postproduction de plusieurs projets et nous préparons le tournage de la course Jacques Cartier le 24 juillet. Nous allons aussi avoir la visite de plusieurs personnes qui séjourneront sur le Sedna.

Ma blonde et ma fille sont parties à leur chalet, j’espère avoir le temps de passer un peu de temps avec eux. J’ai fait de la yole (bateau à rame et à voile) avec Philippe, Jocelyn et Albert. Ce fut très éducatif et relaxant. L’équipage de la yole venait de Québec et nous a gentiment offerts balade sur les eaux de la baie.

À 14h, nous sommes arrivés chez André Lagacé et avons installé le tournage. David m’a aidé à la réalisation. Tourner une émission de cuisine était un petit fantasme. Malgré que l’équipe a super bien travaillé (Sofiane et Albert aux caméra, Héloïse au son et Jocelyn à la direction artistique), le tournage n’a pas été comme je l’imaginais. J’ai beaucoup à apprendre comme réalisateur, et les conseils de mes collègues réalisateurs ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. Je devrais regarder le résultat mardi. Je me croise les doigts.

Une bonne journée de montage m’attend demain, car je vais monter avec Sofiane son documentaire sur le couple de pêcheurs.

Les nuits sont courtes sur le Sedna, mais l’expérience en vaut le coup !

Yole

Carte postale

Gaspé! P.Q.

L’été n’est peut-être pas le plus chaud et le plus ensoleillé qui soit, mais ici – à Gaspé! – l’été est magnifique; malgré le froid, l’humidité des cabines sur le bateau, le vent, il pleut aussi, il brouillasse, il brumasse, mais j’aime être ici. Ha! Que le bord de la mer, c’est bon!!! Les gens sont d’une gentillesse et d’une chaleur incroyable –Et c’est ce que je priorise dans ce voyage : les rencontres réelles et sincères. Je manque de temps et de mains et de yeux pour voir et faire tout ce qu’il y a ici. L’expérience que je prends est incroyable! Finalement, la job d’entretenir le blog passe vraiment en second – ici – je fais parti d’une équipe. En plus d’avoir scénarisé et réalisé deux courts documentaires, je travaille sur les films de mes collègues : j’ai fait le son sur le film d’Albert, j’aide à la scénarisation sur un autre projet et cet après-midi, je serai « directeur artistique » sur un topo « culinaire » d’un chef qui va ré-inventer la fameuse « guédille ». Je découvre, ici, le monde du documentaire et du reportage même (!!!) Et malgré les nombreuses erreurs que je fais, je crois faire aussi des bons coups. Vivre à sept sur le SEDNA IV se passe bien. Chacun semble avoir sa place. Parfois, je manque de silence. Mais il y a beaucoup de respect et on rit beaucoup. On se revoit en août!









Joss à Gaspé
Coucher du Soleil au port industriel

samedi 18 juillet 2009

La rencontre des mondes

Par Albert Kwan

J’ai passé deux jours sans les voir passer. J’étais un peu comme dans un genre de transe (jeudi) et trop occupé (hier). Commençons par la journée de jeudi. C’est que j’avais une audition pour un rôle dans un film américain. Plutôt, un call back d’audition. J’avais envoyé mon audition « on tape » par Internet la journée avant notre départ pour Gaspé, ne pouvant y être en personne. Ils ont décidé de me rencontrer. J’ai donc pris l’avion de Gaspé à Montréal pour un aller-retour. Je me suis fait dire que ça relèverait d’un exploit, pas que je décroche le rôle, mais que l’avion décolle de Gaspé! « Ça fait trois semaine qu’il n’y a pas d’avion qui décolle à cause de la brume pis d’la température! » de dire les gens d’ici. En effet, mon avion était trois heures et demie en retard. Pourtant, il faisait gros soleil. En fait, il était cloué au sol aux Iles-de-la-Madeleine, non pas à cause de la température, mais parce qu’il avait deux pneus de crevés! Cet aller-retour relevait du surréalisme. En l’espace de trois heures, j'ai passé du calme, de l’air frais au chaos de la grande ville, du stress d’une audition (à laquelle je suis arrivé en retard) et de l’insupportable humidité accablante. Après avoir à peine passé une heure en compagnie de ma femme, de ma fille et de mes chiens, je reprenais l’avion pour rejoindre ma maîtresse : Gaspé.

Hier était une journée de préparation. J’ai aussi commencé le montage « en ligne » de Pierrick et fait le son pour Sofiane qui interviewait le couple de pêcheurs. C’était un moment touchant. On a jasé hors caméra et l’on s’est rendu compte à quel point la pêche est un métier dur, non seulement pour le corps mais aussi pour le moral. On est resté tellement tard, que l’équipage au Sedna avait déjà mangé à notre retour! Mais que voulez-vous, on ne refuse pas quand un gaspésien vous débouche une bière et vous dis : « Venez! On va jaser un peu. » 

Je tourne aujourd’hui mon film : une rencontre en l’extrême-Orient asiatique et l’extrême-Orient québécois. Jocelyn fait mon son.On prend tranquillement notre café dans le carré et à part Jako, les autres dorment encore.

vendredi 17 juillet 2009

Quelques photos de plateau...


(c) Philippe Drago 2009

Photos Pêche aux homards

Pierrick à la "perche" aux homards

Sofiane en tournage sur le bateau de pêche


Le Sedna IV

Pêche aux homards

Par Pierrick Campbell

Réveil: 2:20 du matin
Écoute du poste météo maritime: 3:30 
Premier homard: 4:10 
Lever du soleil sur la mer: 5:00  
Ce matin, ou devrais-je dire cette nuit, j'ai accompagné Sofiane pour le son. J'avais déjà en tête de la dureté de cette pêche artisanale, mais l'odeur des appâts, l'air frais du large et la remontée des cages (140 pour une 1/2 journée) remettent en perspective notre qualité. Je vais me coucher, j'ai un tournage cet après-midi.

"Les naufragés de Cap de Rosiers"


Joss joue au réalisateur avec le conteur et poète Gérald Gaul. Toute une rencontre!
Quel après-midi fantastique!

jeudi 16 juillet 2009

Extrait

Par Jocelyn Roy

Un petit bout de mon scénario, écrit hier au soleil de la terrasse du "Café des Arts":

François
Le mot "Gaspé", en MicMac: "Gespeg", ça signifie "Le bout des terres". Selon la légende, après ça, y'a pus rien. Juste la mer. Les monstres marins pis... Le vide.




mercredi 15 juillet 2009

Pêcheurs, montage et bières

Par Pierrick Campbell

 

Les projets prennent forme de plus en plus pour toute l’équipe. Hier, Sofiane, Philippe et moi sommes allés chez un couple de pêcheurs de homard. Leur grande générosité faisait contraste à la dureté de leur vie. En plus de l’exigence de la pêche artisanale, ils doivent vivre le deuil de leur enfant qu’ils ont perdu. Ce matin, Sofiane, Philippe et Albert ont accompagné le couple tôt, ce matin. Ils ont quitté le port vers les 5 heures du matin. La pêche a été dure et on peut imaginer l’adversité de ses pêchers si fiers, qui chaque année pensent à arrêter.

Pendant ce temps, j’ai monté mon topo sur l’impro à Gaspé, conscient de ma chance d’être ici, dans ces conditions. Entre deux cafés expressos, j’ai sorti de la salle « cockpit » de montage pour prendre l’air du large. De plus en plus, cette Gaspé m’appelle, comme une sirène.

Dans l’après-midi, Jocelyn et moi avons visité Monsieur Fabien Sinnett, un historien de Gaspé. Parmi ses archives et ses photographies, il nous a parlé de son livre et de son projet pour le centre-ville. Demain, nous allons réaliser un topo sur ce sujet.

Une délégation de maires (Gaspé, Québec et Saint-Malo) a monopolisé le Sedna en cette soirée de juillet. Toute l’équipe en a profité pour faire un beau « briefing » au Brise Bise accompagné de bière. Héloïse, David et Philippe sont partis ramer dans l’eau, pendant que des membres de l’impro sont venus prendre une bière avec le reste de notre équipage (Sofiane, Albert, Jocelyn et moi).

Jacques nous prépare encore à souper, un super spaghetti ! Il nous donne l’impression de faire vraiment partie d’un équipage.

Bon, je retourne monter et écrire un scénario avec le sentiment d’avoir vécu une bonne journée de travail et une superbe soirée où nous avons discuté de projet et avons encore partagé de bons moments avec des gens de Gaspé ! Gaspé, quand tu nous tiens !

Pierrick

Les nuits sont courtes dans les bras de Gaspé


 

Par Albert Kwan

 

Le temps file lentement mais j’ai l’impression que ça fait des semaines que je suis à Gaspé. Je prends le temps de souffler. Huhh. L’exiguïté du Sedna IV tisse des liens au sein de notre groupe. Je prends le temps de l’apprécier.

 

La nuit a été courte hier : l’appel de la pêche aux homards m’a tiré des bras de Morphée. À l’heure où l’on ferme les bars, moi je me levais pour aller faire la prise de son pour Sofiane qui tournait le portrait d’un couple de pêcheurs de homards de Cap-des-Rosiers. Armés de notre caméra, de l’équipement de son, de nos impers et de nos bottes de pluie, Sofiane, Philippe et moi sommes partis au crépuscule rencontrer ces irréductibles pêcheurs. Nous étions chanceux car la météo était clémente et la mer, calme. La pêche a été pauvre : qu’un seul panier (70 lbs). Le mauvais temps des derniers jours n’aide pas la cause. J’ai tout de même assisté à la capture d’un homard d’au moins 3-4 lbs et rencontré des gens fabuleux et authentiques. Notre sortie de trois heures et demi s’est conclue avec la danse de deux baleines (marque et modèle inconnu) aux portes du quai de L’Anse-au-Griffon.

 

Je suis au Café des Artistes à prendre un Chaï et mes courriels. J’en profite aussi pour confirmer mon vol de demain pour Montréal. Eh oui, je serai à Montréal le temps d’un « Call back » d’audition pour un premier rôle dans un film américain. Je reviendrai couché sur le Sedna IV. Ma femme devra comprendre que j’ai une maîtresse maintenant. J’aime trop Gaspé. Elle m’a conquis.

lundi 13 juillet 2009

Jour 4

Par Pierrick Campbell

 

Une autre journée pluvieuse sur Gaspé. Malgré tout, l’équipe est motivée par les projets. Nous avons baptisé le bureau de production au Cégep de Gaspé. Ça tombait bien parce que nous avons eu une panne d’Internet au bateau. C’est fou comme on est dépendant du net pour les courriels, les cartes, etc.

Ici, les gens ne nous donnent pas leur numéro de téléphone ou leur courriel, ils nous donnent leur adresse : « Chus au 391 su’ l’chemin là-bas, tu passeras m’voir ! » Les gens nous abordent et nous offrent leur générosité, le cœur sur la main. Ça compense pour le soleil qui se cache, gêné, derrière les nuages, qui eux, descendent par les montagnes jusqu’à la baie de Gaspé. Même les gens qui ne sont pas de la région viennent à notre rencontre. Notre voisin de quai, un marin de la Garde Côtière, m’a invité à prendre un café à bord de son navire.

            Le temps voyage différemment ici. C’est sûrement l’effet de la marée, et le fait que je suis content d’être ici, des projets pleins la tête. Plusieurs fois par jour, je dois regarder la date pour me replacer dans le calendrier. Le temps file malheureusement et l’on doit travailler afin de remplir notre mission.

            Le visionnement du tournage d’hier s’est bien passé. L’équipe a bien travaillé et les images sont plus belles que je ne l’aurais cru. J’apprends beaucoup grâce à

            Jacques, le gardien du bateau et notre sauveur pour les petits problèmes sur le Sedna, nous a préparé le souper aujourd'hui. Il navigue depuis plus de 20 ans, mais dans une autre vie, il était cuisinier. Maintenant, il connaît la navigation sur le bout de ses doigts et chaque conversation avec lui révèle sa passion et me donne le goût de partir en suivant les vents sur la mer. Pendant la vaisselle, j’ai parlé avec lui du lac Champlain où je passais mes vacances sur le voilier de mes grands-parents et lui de ses prochains plans de voyages sur son voilier.

            Le brouillard a laissé sa place à l’orangé du crépuscule.

Pierrick 

Prendre son temps

Par Albert Kwan

C’est officiellement ma troisième fois Gaspé. La première fois était à l’âge de sept ou huit ans avec mes parents et ma sœur. Je ne me souviens pas de cette visite à part des côtes de la 197 (via Murdochville) où mon père laissait aller l’auto à toute vitesse sans toucher aux freins. J’ai ressenti un peu la même chose ce voyage-ci car la conduite de David me rappelait celle de mon père. La deuxième fois, c’était avec ma fille et sa mère. J’avais alors vingt ans. Jeune et pressé, je voulais faire le tour de la Gaspésie le plus vite possible. Mon passage à Gaspé était digne des coups de vents qu’il y a ici. Cette fois-ci, j’y suis pour trois semaine pour le travail; faire des films. Ce que je trouve le plus dur, c’est de m’adapter au rythme de la ville et de ses habitants. Ce que je trouve le plus facile, c’est l’approche de ces gens si amicaux et chaleureux; tout le monde se connaît! Depuis hier, je suis à la recherche de personnages pour mon sujet : les minorités ethniques en région. Après une visite éclair au parc Forillon où j’ai marché rapidement avec Pierrick, où Héloïse a couru et où Philippe et Sofiane ont loué un vélo pour aller plus vite, nous nous sommes rendus à L’Anse au Griffon où j’ai rencontré une dame fort charmante au Café de l’anse qui m’a abordé en chinois. Pouvez-vous vous imaginer mon étonnement en voyant cette petite dame aux cheveux argent et aux yeux pétillants qui me parle dans ma langue natale dans une contrée qui est loin de ressembler à quelconque pays asiatique! Louise m’a parlé des nombreux voyages qu’elle a faits en Chine et du chagrin qu’elle a de ne plus pouvoir accompagner des groupes; son âge ne lui permettant plus. J’ai vu dans ses yeux sages toutes la passion qu’elle a pour la Chine et ça m’a touché. Elle m’a donné des noms de personnes pour mon projet de film. Quelle charmante dame. Peut-être ferai-je son portrait? Sans doute. Aujourd’hui, c’est Janick que j’ai rencontré au Conseil Régional des Élus. Elle est en charge de « L’aide aux immigrants » pour Gaspé et les Îles. Elle connaît presque tous les immigrants qui viennent s’établir ici. C’est grâce à Marie-Êve que j’ai eu ce contact. Marie-Êve était de ceux que nous avons filmés la veille dans un match d’impro. Toutes ces belles rencontre parce que j’ai pris le temps de parler avec les gens. Je crois que j’ai bien eu ma leçon : si tu prends le temps de parler aux gens, ils pourront te procurer plus que tu ne pourras l’espérer! 

La Découverte de Gaspé

Par David Tomassini

Au périple d’un voyage où nous frôlâmes à plusieurs reprises la mort. Sur des pavés escarpés et périlleux, là où la vue est à couper le souffle tellement la mort est belle et attirante. Côtoyant une masse d’eau infreinable et puissante comme cent mille hommes matures au bout d’un levier de dix lieux. Passant une forêt dense aux odeurs affriolantes de compost, mais où les vallées sont d’un magnétisme vers les limbes des profondeurs du purgatoire lui-même. Ces forêts mêmes où des milliers de générations amérindiennes furent enterrés. Mort naturelle probable, meurtre, infamie, inceste, mais n’importe quelle mort n’empêche pas les âmes de rôder dans ces forêt magnifiques que j’ai baptisé ‘’Maudite’’. Murdochville, ville de perdition, ou la légende raconte que des nains pernicieux et avares ont creusés leurs chemins au centre de la terre. Un lieu que nous passâmes en grands vents pour ne pas être séduit et enchanté par le chant des sirènes de maisons mobiles. C’est peu de temps après que nous vîmes enfin la réconfortante et chaleureuse baie de Gaspé. Nous croisâmes la Place Jacques-Cartier Haut lieux de pèlerinage pour tous sauf moi. Jacques étant mon ancêtre direct de sang, je ne sens pas le besoin de me recueillir, mais plutôt celui de conquérir. Tout d’abord, prendre le contrôle de mon navire, le Sedna IV, ensuite larguer les voiles, tanguer les amarres, m’armer d’une ciné caméra et firmer, mitrailler les uns et les autres d’images, de FPS et de vérité, peut-être.

Tiré du journal de bord du Capitaine David ‘’Le Rouge’’ Aaaaarrrrrr

Gaspé, la généreuse

Les liens entre l’équipage commencent à se tisser solides. Je crois que le souper aux homards de samedi soir sur le pont du Sedna IV y est pour quelque chose. Hier soir, match d’impro sous le grand chapiteau du 475e et bière avec les sympathiques joueurs au fameux « Brise Bise » de Gaspé. On entre facilement en contact avec les jeunes de la place. Curieusement, la plupart ne viennent pas de la Gaspésie. Beaucoup nous racontent qu’ils ont bourlingué sur les routes du Québec. À vélo. En char. Ils ont roulé leur bosse. Et sont venus s’échouer ici. Heureusement, la Gaspésie leur a ouvert les bras. Gaspé est généreuse avec les pas perdus. Ils y ont trouvé l’amour. Y ont trouvé une raison de s’enraciner. Ils y ont réappris à respirer. Plusieurs retournent en ville malgré tout. Un jour. Ou l'autre. Quelques-uns persistent et y signent leur vie. J’ai jasé avec un notaire aux allures de Vicking, un attaché politique grand comme un mat, un cousin farouchement anti-Canadien (le club de hockey), une fleur au sourire de matin de rosée et j’en passe. Je me sens déjà attaché. Amarré à bon port.
Aujourd’hui, j’ai repris mon entraînement sur le port devant les pêcheurs de homards qui semblaient me trouver bien petit pour un boxeur! Ils sont partis au large leurs cages chargées. « Bonne journée! » Toute l’équipe était prête pour sa première vraie journée de débrousaillage. Ça avait mal commencé, nous n’avions plus internet sur le bateau! Nous sommes partis prendre possession de notre « local de prod » (et prendre nos mails) au Cégep de la Gaspésie et des Îles. Héloïse s’en allait voir pour plonger avec les phoques. Pierrick avait du travail de dé-rushage à faire avec les images de la veille. David allait écrire et storyboarder. Albert avait une rencontre et devait venir avec moi au Musée de la Gaspésie faire de la recherche sur l’Histoire des lieux. Sofiane avait une entrevue avec une pêcheuse. Philippe devait imprimer des contrats et planifier la semaine de prod qui commençait. Je devais trouver un scan et aller au sanatorium pour un premier contact. Nous étions gonflés à bloc. Plein d’adrénaline comme si nous attaquions une journée de travail à Montréal. Voilà notre première erreur. Nous ne sommes pas à Montréal. Le rythme ici est plus humain. Les choses ne peuvent pas se passer avec l’efficacité malade mentale à laquelle nous avons été habitué, pauvres urbains aux estomacs noués que nous sommes. J’hallucine le temps que je perds pendant que je marche pour me rendre à mon point de rendez-vous. J’ai même pas pris le temps de manger. Et un homme qui travaille à la station de télé communautaire de Gaspé me reconnaît et m’offre un lift. « Hé! T’es pas rendu! Embarque, j’vas aller te porter! » Quand je vous disais que les gens d’ici étaient bons. Pourquoi on ne fait plus ça à Montréal?
J’ai compris en mangeant mon "Dixie lee" trop gras. J’ai compris qu’il faut prendre le temps de faire les choses. Je me sens comme un peu plus léger ce soir. Le ciel s’est couché en feu. Et moi, j’ai sauté hors de l’orage!







Joss à Gaspé

Le soir près du Sedna IV

La machine à café

Ma drogue du matin, de l'avant-midi et de l'après-midi

Photographies de Pierrick

La vue de ma chambre

La luxueuse couchette de Pierrick


dimanche 12 juillet 2009

Éoliennes

Les champs d’éoliennes qui parsèment la route sont des bouées de beauté dans ce paysage magnifique.

Jour 3

Par Pierrick Campbell

Aujourd’hui, c’était notre journée libre. Nous en avons profité pour aller faire du « tracking » au Parc national Forillon de l’Anse à l’Amérindien au Cape Gaspé où le point zéro du Sentier international des Appalaches. Malgré la pluie, le paysage était magnifique et le brouillard donnait au phare un air de vieux marin.

Après la randonnée dans le vent et sous la pluie, nous nous sommes réchauffés au Centre Culturel Le Griffon et nous avons mangé des chaudrées du marin et un mets traditionnel, soit les boules de morue. Une charmante dame nous a abordé, Louise, une charmante Gaspésienne. Au dessus de ses soixante-dix ans, elle a voyagé au moins 28 fois en Chine. Passionnante et passionnée, elle nous a fait un petit tour du Centre. C’est un site historique à L'Anse-au-Griffon transformé en café et centre culturel qui vaut le déplacement pour la bouffe et la vue sur le golf. Ce sera sans surprise un sujet pour un de nos topos.

Toute l’équipe s’est dirigée vers le chapiteau du 475e pour la captation d’une soirée de la ligue d’impro de Gaspé. La réalisation m’a été confiée, mais j’ai eu la chance d’avoir l’expertise de mes collègues. Je prévois visionner les « rushs » demain. Nous avons rencontré l’arbitre de la soirée, Mélodie. En plus d’avoir donné un excellent show, elle s’est prête à une interview avec beaucoup de générosité pour le topo sur l’impro à Gaspé.

François St-Laurent, capitaine de l’équipe des Bleus, nous a invité à prendre un verre au Brise Bise, petit bar à Gaspé. J’en ai profité pour décompresser de cette première expérience de captation à deux caméras.

samedi 11 juillet 2009

Première réunion sur le SEDNA IV

Matin du 11 juillet 2009, 10h00. Sur le pont du SEDNA IV - Première réunion d'équipe. C'est parti!!!!

Photo de Albert Kwan

La route

Par: Jocelyn Roy

Le groupe est fébrile dès le début. Moi, j’appréhende la route. La longue route. La très longue route. J’ai la phobie des voyages en voitures. Des voyages en avions, j’en ai fait et refait. De tous les genres d’avions, des gros boings paresseux, aux petits avions de brousse fébriles et chambranlants de la ligne « Cameroun-airlines ». J’ai jamais eu peur d’un crash. J’ai fait du train de la Hollande, à l’Espagne, en passant par l’Italie, l’Allemagne et la Suisse, même le TGV Paris/Marseille bien des fois. Je roule en vélo, en
roller blade, je sais pas breacker et je me pète la gueule, mais je n’ai pas peur. Même en bateau à moteur, en zodiac, en canot avec des kids de 10 ans, en Kayak de mer avec des baleines, je n’ai pas peur… Mais en voiture, j’ai peur! À chaque fois que je fais « un tour de machine », je dois me concentrer pour ne pas paniquer. J’ai peur de mourir en auto. J’imagine les pires accidents. Toujours. Je trouve que c’est le pire véhicule au monde! J’aimerais mieux sauter en parachute sans parachute dans un volcan au lieu de faire 12 heures de char! (Bon, j’exagère…) Alors, imaginez : Il est 7 heures et quart. On doit se rendre à Gaspé pour 18h. Je ne connais pas les chauffeurs. Je ne connais pas la route dépassée Rimouski. On est en retard… J’inspire, j’expire. Pff!
La route se fait bien jusqu’à la fin de la 20, à Mont Joli. Après… Je survis. On dirait que le groupe veut arriver le plus vite possible. Moi aussi, mais pour que ça arrête. Par contre, les champs d’éoliennes qui parsèment la route sont des bouées de beauté dans ce pa
ysage magnifique. L’air sent bon la mer. On s’arrête pour une pause pipi. Je fume une cigarette sur le bord d’un bateau échoué. Je ne suis vraiment pas fait pour habiter en ville, que je me dis. Dès que je retrouve le fleuve, l’air gorgé de large. Ça sent la liberté. Ça sent bon. Je veux rester ici toujours. Surtout, je ne veux pas reprendre la route… La traversée de la vallée entre L’Anse-Pleureuse et Gaspé, en passant par Murdochville (là où même la rivière semble avoir désertée la ville!) est l’apogée. Je réussis à contrôler ma peur phobique en m’agrippant aux bras de mon siège. Je refuse que cette peur m’empêche d’aller là où je veux, quand je veux et avec qui je veux. Nous arrivons enfin à Gaspé (en un seul morceau) un peu avant 19 heures. Sains et saufs. Je garde mon ventre figé par la peur et mon souffle court. Ne me demandez pas ce que Jean Lemire nous a dit lors de notre première rencontre. Je suis efficace, mais absent. Quand vient le temps de choisir nos cabines, je m’en fous! Je veux juste retrouver un pouls normal. Et puis le calme de la mer. Le silence du vent qui siffle. Je m’assoirais là, sur le pont du SEDNA, et je me transformerais en Penseur de Rodin. Silencieux comme la pierre. Le groupe parle fort. Les gens sont euphoriques. « On est sur le SEDNA IV!!! ». C’est vrai qu’on est chanceux. Allez! Il faut que je me réveille. Que je m’intègre. Que je sorte de ma torpeur. On se rend au centre-ville manger des sushis. C’est qu’on est loin des clichés ici. Gaspé n’est plus un port de pêche avec trois cantines qui font de la guédilles. Gaspé suit l’air du temps. En tout cas, les efforts y sont. Les enseignes de restaurants et de boutiques en témoignent. L’ambiance au centre-ville est tout à fait sympathique. Tout y est accueillant et chaleureux. Le gars de la campagne en moi s’y sent bien. Chez lui. J’aime le vent sur ma tête. J’aime les gens qui jouent de la guitare dans la rue et qui nous saluent avec un grand sourire.
Autour de la table, le groupe parle, parle, parle. Je me sens complètement comme un extraterrestre dans une bulle de silence qu’on tente de percer. Je me sens même sauvage. J’ai pas le goût d’être cool. J’ai faim. J’ai soif. .. Fuck! Ma blonde dans son grand verre arrive enfin. À la première gorgée, le stress tombe d’un coup. Et je me mets soudainement à ne pas me mêler de mes affaires. J’échange (enfin!). Je me mêle aux conversations. La glace est cassée. La fatigue embarque peu de temps après cet état euphorique. On rentre au bateau. J’échoue dans ma cabine et dors comme en apesanteur. Calme. Zzz.









Joss à Gaspé

Jour 2

Par Pierrick Campbell

 

La montée de la couchette s’est mieux passée que la descente de ce matin. Après quelques acrobaties entre la couchette et le plancher, je me dirige vers la machine à café en serrant la main aux membres de notre « équipage ». C’est une loi non écrite; chaque matin, l’équipage se sert les mains en se souhaitant une bonne journée, en espérant que le bateau ne coule pas pendant la journée !

            Notre premier café sur le pont du Sedna se laissait savourer dans l’air salin de Gaspé. Nous avons ensuite « briefé » pour notre séjour et lancé nos idées de projets avec François Labonté. Nos têtes sont pleines de sujet, donc le défi va être de choisir.

            Albert, Sofiane et moi avons vérifié et préparé l’équipement de tournage : 2 caméras HD P2, 2 micros perches, 4 micros-cravates et 3 portables pour le montage. Pendant qu’Héloïse pêchait à main nue des homards pour le souper dans le vivier de la poissonnerie de Gaspé.

            Éric Drouin, monteur professionnel de film et de dramatique, nous a offert une classe de maître sur son métier et sa relation avec le réalisateur. La classe s’est déroulée dans la salle à manger du Sedna où régnait une atmosphère de vacance. Éric est passionné par son métier et il a même retardé son séjour à Gaspé pour nous rencontrer et échanger.

            La préparation du souper s’est passée sous une violence gratuite envers les homards, par contre ils étaient délicieux et leur sacrifice ne fut pas vain. Le Brise Bise nous a accueillies à bras ouvert avec des pintes de bière et des gens chaleureux.

            La montée vers ma couchette s’est bien passée, j’espère ne pas tomber de mon lit demain matin en me levant, j’ai déjà quelques bleus.