jeudi 10 septembre 2009
Le retour...
Le retour a toutefois été salutaire pour une chose: il m'a permis de prendre du recul sur mon projet et de faire non pas deux films comme je pensais, mais un seul ! Et de trouver le film que je voulais VRAIMENT faire.
Prendre de la distance sur une oeuvre, c'est difficile quand on passe 8-10 heures dans la salle de montage d'un bâteau. Ça brasse parfois avec la houle, on a les idées un peu embrouillées. Sortir, vivre qulelques jours loin du film et tout s'éclaircit. Mais quand même, je m'ennuie un peu de ce roulement qu'il y avait sur le bâteau... le corps s'y habitue plus qu'on pense ! La preuve: après 24 heures de retour sur la terre ferme, j'avais encore quelques faibles étourdissements comme sur le Sedna, comme si mon corps n'avait pas compris que j'avais quitté la mer... Peut-être le corps l'a-t-il quittée, mais le coeur y est encore accroché ?... Je suis tombée en amour avec la Gaspésie ! C'est un lieu tellement inspirant et il y a des milliers de sujets de films a y tourner. C'était mon premier voyage, mais certainement pas le dernier !
Hier, en étant figurante sur le plateau d'un ami inissien, j'ai pris conscience de plusieurs choses: l'INIS a Gaspé, ce fut une incroyable aventure au cours de laquelle on a eu la chance de tourner, tourner a 200 miles a l'heure et monter a nous étourdir. Trois semaines de création pure avec des collègues de divers horizons (cinéma, documentaire, télévision) qui s'entraident, 3 semaines a découvrir un des plus beaux coins du Québec, 3 semaines a faire ce que nous aimons par-dessus tout: raconter une histoire en images et en sons pour émouvoir, informer et divertir. 3 semaines pour entrer dans la communauté micmac et me rendre compte qu'un court, c'est trop court pour faire le portrait d'une communauté et qu'il faudra revenir faire un long métrage (et c'est mon souhait le plus cher pour l'année prochaine !). 3 semaines pour se rendre compte qu'une expérience comme celle-la, ça arrive juste une fois dans une vie...
Merci a tous ceux qui nous ont permis de vivre cette aventure extraordinaire (l'INIS, le Cégep de la Gaspésie et des Iles-de-la Madeleine, le Sedna 4 et le 475ème de Gaspé) et a tous ceux qui nous ont accompagnés, de près ou de loin (via ce blog !). Et longue vie a l'INIS a Gaspé !
mercredi 26 août 2009
Back in Montréal...
Quelques jours ont passé… Difficile retour à la réalité. La Gaspésie est magnifique, les gens y sont attachants, les paysages à couper le souffle, le rythme plus convenable. On tombe vite amoureux de ce coin de pays. Je suis foutu, il faut que j’y retourne !
mardi 25 août 2009
La recette d'un beau projet à Gaspé...

Ajoutez un jeune producteur pour remuer le tout , un coordinateur qui n'en est pas à sa première recette et deux fières gardiens de bateaux pour pimenter un peu. Pour l'assaisonnement, vous pourrez aussi compter sur la disponibilité des Gaspésiens, la lumière hallucinante de ce beau coin de pays et le doux murmure de la grande bleue.
Laissez mijoter trois semaines et vous obtenez six films complétement différents (bientôt en ligne), un blog un peu déjanté, des rencontres en tout genre et des inissiens heureux !
Merci l'INIS, merci la Gaspésie, Merci le SEDNA, merci l'équipage et bon vent à tous !
dimanche 23 août 2009
jeudi 20 août 2009
CHERCHANT LE QUAI
Deux jours avant notre départ
et je cherche toujours le quai;
Je reste patient, je cherche le quai.
J’ai entreprit une grande mission avec ce projet-ci –
je me suis lancé un peu hors de mes zones de confort
pour mes trois semaines en Gaspésie.
J’avais sous le bras seulement la confiance
que j’ voulais traiter de la relation autochtone - francophone,
ici à Gaspé pour le 475e, qui célèbre
le début de l’aventure française en Amérique
(ou l’aventure française sur l’île de la tortue) -
et j’en suis toujours au début.
J’ai entreprit un projet de fiction (pour la 1ère fois,
après avoir étudié en cinéma documentaire) –
qui de plus était une bande-annonce
pour une épopée de plusieurs époques.
Bon, mets-en Rémy, pourquoi seulement affronter un défi à la fois ?
Un manque de stratégie peut-être,
mais je me pardonne le désir de me lancer au vent.
C’est une école de cinéma, le SEDNA IV, cet été,
et je met le jeu d’exploration en avant-plan.
Un grand merci à mes fabuleux comédiennes et comédiens
Qui sont venu faire un tour sur le bateau ce soir…
mercredi 19 août 2009
Imaginer et puis faire son film
J’avais d’abord pensé à la légende du Rocher Percé et Blanche de Beaumont, cette jeune française qui, en venant retrouver son amoureux en Nouvelle-France, fit face à de farouches pirates et plutôt que de succomber aux avances de leur chef, se jeta à la mer. On dit que son ombre plane toujours au-dessus du rocher percé. L’idée était de conter cette histoire classique sur les images contemporaines d’un couple actuel.
Ensuite, l’idée de faire un essai sur la lumière en Gaspésie et la relation qu’entretiennent les gens avec elle me chatouilla. En fait, à cause de la situation géographique de la Gaspésie, nous pourrions être à l’heure des maritimes. Le soleil se lève ici très tôt le matin (à partir de 4am en été) et disparaît un bon 40 minutes avant qu’il ne se couche à Montréal. Effets: des heures d’ensoleillement le matin avant que bien des gens puissent travailler et des soirées trop courtes. Les gens de la construction et de l’hôtellerie peuvent en jaser longtemps. J’imaginais des scènes poétiques jouant avec la lumière avec une narration.
Puis j’ai eu le flash de trouver une esthéticienne à Gaspé et d’en brosser le portrait voir de faire un documenteur. Des femmes souvent pas mal flyées, qui ont des jobs steady à l’année (pas toujours évident en Gaspésie) et surtout, qui recueillent les confidences des clientes au fil des épilations et autres traitements dans des salons de beauté, véritables lieux de confession. On y entend des vertes et des pas mûres.
Finalement, c’est l’île de nos ancêtres qui m’a absorbée et happée. Des descendants des anciens habitants de l’île Bonaventure, expropriés en 1971 pour faire place à un parc, renouaient avec leur l’héritage et l’univers bien particulier de leurs ancêtres en effectuant un pèlerinage à l’île. Ils cherchaient à faire revivre le patrimoine humain plutôt sacrifié : maisons brûlées, cimetière vandalisé, les traces et les noms de leurs ancêtres négligés sur les plaques commémoratives... J'ai fait la rencontre de l'extraordinaire de Louis Brochet, l'un des derniers survivants. 91 ans, chaleureux, coquin, drôle, tendre et solide. Un vrai conteux. Ancien pêcheur et capitaine, il vécu sur l’île avec 50 autre familles une vie tricotée serrée. Un personnage en or et la chance de capter un pan de l’histoire gaspésienne en voie de disparition. Lorsque Louis nous raconte l’isolement de l’île, les passages sur le pont de glace l’hiver, le premier film qu’il vit en 1924 à Percé (the Mainland) mettant en vedette Rudolph Valentino ou même que sur l’île ne vivaient que des hommes et des souris (of mice and men), on est là avec lui. Le sujet était passionnant et je me suis lancée à fond. Le montage s’achève maintenant. C'est le temps de sortir de la salle de montage du bateau.